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Quelles sont vos poésies et poêtes préférés

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Quelles sont vos poésies et poêtes préférés Empty Quelles sont vos poésies et poêtes préférés

Message  Anne So Lun 24 Nov - 22:32

Quelles sont les poésies et les poêtes qui ont bercé votre enfance, ou votre vie d'adulte? Qu'est ce que ces "rimes" célèbres symbolisent pour vous?
Avez-vous des anectodes concernant un pôeme que vous connaissez?
A vos claviers, j'ai hâte de connaître vos secrets !
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Message  Anne So Lun 24 Nov - 22:59

Mon poeme préféré reste et restera "Demain dés l'aube" de Victor Hugo. Pourquoi ?
Parce que tout d'abord, cette poésie est touchante. Et surtout parce que c'est mon papa qui un jour m'a sorti son vieux cahier rouge de récitation et qu'il m'a fait apprendre ce joli texte.

Demain dés l'aube - Victor Hugo (Les contemplations)

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

Voilà le joli hommage d'un père à sa fille Leopoldine noyée à Villequier.
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Message  Anne So Lun 24 Nov - 23:07

L'invitation au voyage - Beaudelaire (Les fleurs du mal)

C'est le texte que j'ai passé au bac de Français en 1ere et grâce auquel j'ai réussi cet examen.

L'invitation au voyage

Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde ;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
- Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or ;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.


Ah c'est pas à moi qu'on écrirait un si joli poeme (snif...!!!!)
Anne So
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Message  Céline Lun 24 Nov - 23:14

Personnellement, je ne suis pas très branchée poésie. Mais il me reste des brides de leçon de français du collège essentiellement.
Comme toi, je me souviens de "Demain dès l'aube", poème préféré de papa (il nous l'a tant rabaché qu'on a fini par le savoir !), mais aussi certaines Fables de La Fontaine.

J'aime bien le poème de Ronsart Ode à Cassandre. C'est un classique du genre. J'ai besoin de faire quelques recherches avant de pouvoir citer d'autres poèmes. Les années collège c'est tellement loin !

Ode à Cassandre -Pierre de Ronsart

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu cette vêprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.

Las ! Voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! Las ! ses beautés laissé choir !
Ô vraiment marâtre Nature,
Puisqu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
Céline
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Message  Valerie B Mar 25 Nov - 20:28

Je me souviens très bien de ces poèmes les filles, c'est sympa de se les remémorer ici!!! Pendant mes années collèges, et lycée, parmi les grands classiques de la poésie française, j'ai plus particulièrement gardé en mémoire ces 3 poèmes.
Le premier, de Charles Baudelaire, est un extrait des poèmes que l'auteur dédie aux chats, dans les Fleurs du Mal:

[b]De sa fourrure blonde et brune
Sort un parfum si doux, qu'un soir
J'en fus embaumé, pour l'avoir
Caressée une fois, rien qu'une.

C'est l'esprit familier du lieu ;
Il juge, il préside, il inspire
Toutes choses dans son empire ;
Peut-être est-il fée, est-il dieu ?

Quand mes yeux, vers ce chat que j'aime
Tirés comme par un aimant,
Se retournent docilement
Et que je regarde en moi-même,

Je vois avec étonnement
Le feu de ses prunelles pâles,
Clairs fanaux, vivantes opales,
Qui me contemplent fixement.
[/b]





Puis ce second d'Arthur Rimbaud qui m'avait bouleverséé dans mes jeunes années:

Le dormeur du Val

[b]C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.[/b]


Et aussi celui-là, de Paul Verlaine, parmi ses Poèmes Saturniens que j'avais beaucoup aimé au lycée:


Souvenir familer:

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon coeur transparent
Pour elle seule, hélas! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse? Je l'ignore.
Son nom? Je me souviens qu'il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.


Ca vous rapelle quelque chose?


Sinon, un peu plus tard, j'ai découvert le poète espagnol Antonio Machado , grâce à un chanteur franco-espagnol que j'affectionne(Nilda Fernandez), et qui a mis en musique (voilà plus de 27 ans) ce poème en espagnol, que je vous retranscris aussi en français:

Anoche cuando dormía

Anoche cuando dormía
soñé ¡bendita ilusión!
que una fontana fluía
dentro de mi corazón.
Dí: ¿por qué acequia escondida,
agua, vienes hasta mí,
manantial de nueva vida
en donde nunca bebí?

Anoche cuando dormía
soñé ¡bendita ilusión!
que una colmena tenía
dentro de mi corazón;
y las doradas abejas
iban fabricando en él,
con las amarguras viejas,
blanca cera y dulce miel.


Anoche cuando dormía
soñé ¡bendita ilusión!
que un ardiente sol lucía
dentro de mi corazón.
Era ardiente porque daba
calores de rojo hogar,
y era sol porque alumbraba
y porque hacía llorar.


Anoche cuando dormía
soñé ¡bendita ilusión!
que era Dios lo que tenía
dentro de mi corazón.


Hier soir, en dormant, j'ai rêvé -illusion bénie !-
qu'au-dedans de mon coeur coulait une fontaine.
Dis-moi pourquoi, filet caché, eau,
viens-tu jusqu'à moi, source de vie nouvelle où je n'ai jamais bu ?

Hier soir, en dormant, j'ai rêvé, -illusion bénie !-
qu'au-dedans de mon coeur luisait un soleil brûlant.
Il était brûlant, parce qu'il donnait une chaleur de brasier flamboyant,
et c'était un soleil parce qu'il éclairait et faisait pleurer.

Hier soir, en dormant, J'ai rêvé, illusion bénie !-
que c'était Dieu que j'avais dans mon coeur.



Et plus tard encore, parmi les contemporains j'ai découvert ce poète résistant, Indien d'Amérique du Nord, qui s'appelle John Trudell et qui écrit également des 'spokens words' mis en musique.
Ce poème 'See the Woman' - 'Regarde la femme', est un hommage rendu à toutes les femmes du monde. Je vous en donne la traduction française:

Regarde la femme
Elle a un visage jeune
et un vieux visage
elle se maintient
à travers les âges
elle survit aux entreprises de l'homme

Dans certaines tribus
elle est libre
dans certaines religions
elle est soumise à l'homme
dans certaines sociétés
elle vaut selon ses biens

Dans certaines nations
elle est une force fragile
dans certains Etats
elle est considérée comme faible
dans certaines classes
elle ne s'appartient pas

Et en toutes circonstances
elle est soeur de la Terre
en toutes conditions
elle est à l'origine de la vie
pour toute vie
elle est notre nécessité

Regarde les yeux de la femme
fleurs oscillant sur les collines dispersées
un soleil dansant appelle les abeilles

Regarde le coeur de la femme
papillons bleu lavande
devant le bleu du ciel
une bruine vaporeuse se dépose
sur la douceur des roses sauvages

Regarde la beauté de la femme
éclair striant
les sombres nuits d'été
l'union des forêts de pins
avec la nouvelle neige de l'hiver

Regarde l'esprit de la femme
donner journellement de son courage
avec de grands rires
son souffle un rêve
et une prière

(traduit de l'américain par Nicoles Chauvry)
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Message  Anne So Mar 25 Nov - 22:58

Et bien je vois que Valérie a du dossier en matière de poésie.
Je ne connaissais pas tes poêmes, hormis le dormeur du val que je voulais mettre aussi, on a un point commun comme ça.

Parmi les poemes que j'aime bien aussi, il y a Oceanonox de Victor Hugo

Oh ! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis !
Combien ont disparu, dure et triste fortune !
Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,
Sous l'aveugle océan à jamais enfouis !

Combien de patrons morts avec leurs équipages !
L'ouragan de leur vie a pris toutes les pages
Et d'un souffle il a tout dispersé sur les flots !
Nul ne saura leur fin dans l'abîme plongée.
Chaque vague en passant d'un butin s'est chargée ;
L'une a saisi l'esquif, l'autre les matelots !

Nul ne sait votre sort, pauvres têtes perdues !
Vous roulez à travers les sombres étendues,
Heurtant de vos fronts morts des écueils inconnus.
Oh ! que de vieux parents, qui n'avaient plus qu'un rêve,
Sont morts en attendant tous les jours sur la grève
Ceux qui ne sont pas revenus !

On s'entretient de vous parfois dans les veillées.
Maint joyeux cercle, assis sur des ancres rouillées,
Mêle encor quelque temps vos noms d'ombre couverts
Aux rires, aux refrains, aux récits d'aventures,
Aux baisers qu'on dérobe à vos belles futures,
Tandis que vous dormez dans les goémons verts !

On demande : - Où sont-ils ? sont-ils rois dans quelque île ?
Nous ont-ils délaissés pour un bord plus fertile ? -
Puis votre souvenir même est enseveli.
Le corps se perd dans l'eau, le nom dans la mémoire.
Le temps, qui sur toute ombre en verse une plus noire,
Sur le sombre océan jette le sombre oubli.

Bientôt des yeux de tous votre ombre est disparue.
L'un n'a-t-il pas sa barque et l'autre sa charrue ?
Seules, durant ces nuits où l'orage est vainqueur,
Vos veuves aux fronts blancs, lasses de vous attendre,
Parlent encor de vous en remuant la cendre
De leur foyer et de leur coeur !

Et quand la tombe enfin a fermé leur paupière,
Rien ne sait plus vos noms, pas même une humble pierre
Dans l'étroit cimetière où l'écho nous répond,
Pas même un saule vert qui s'effeuille à l'automne,
Pas même la chanson naïve et monotone
Que chante un mendiant à l'angle d'un vieux pont !

Où sont-ils, les marins sombrés dans les nuits noires ?
O flots, que vous savez de lugubres histoires !
Flots profonds redoutés des mères à genoux !
Vous vous les racontez en montant les marées,
Et c'est ce qui vous fait ces voix désespérées
Que vous avez le soir quand vous venez vers nous!
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Quelles sont vos poésies et poêtes préférés Empty C'est encore moi !!!!

Message  Anne So Mar 25 Nov - 23:05

Ben oui j'inonde de post ce sujet mais la poésie est quelque chose qui me passionne beaucoup.
Donc j'ai un autre texte qui me plait.

Ma bohème - Arthur Rimbaud

Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;
Oh ! là ! là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !

Mon unique culotte avait un large trou.
- Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !
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Message  madeleine Mer 26 Nov - 10:46

bonjour à toutes
que de souvenirs ces poésies océanox de victor hugo
demain dés l'aube finalement à l'école on apprend toujours les mêmes poêmes
et moi je n'ai pas de bons souvenirs de l'école et les récitations à apprendre
c'est pour cela que les poésies ça ne m'inspire pas

alors bonne lecture à toutes
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Message  Céline Mer 26 Nov - 16:24

Ouah ! Valérie je suis épatée par tes connaissances en poésie; sujet qui visiblement te passionne !
Je me souviens biensur du poème de Paul Verlaine. J'ai du certainement l'étudier en classe.
J'avoue que j'ai peu de souvenirs finalement !
Mais je compte sur vous toutes pour nous proposer des poèmes afin de réveiller nos mémoires.
Comme Oceanonox de Victor Hugo ou Ma bohème d'Arthur Rimbaud. merci Anne-so Very Happy
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Quelles sont vos poésies et poêtes préférés Empty Poèmes antillais

Message  Céline Lun 1 Déc - 20:07

J'avais envie de vous faire décrouvrir, ou redécouvrir pour certains, des poèmes antillais.
D'illustres personnages comme Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Léon-Gontran Damas et bien d'autres encore ont écrit de très beaux textes.
Textes dans lesquels ils développeront la notion de « Négritude ». Pour la définir Césaire disait « La Négritude est la simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre culture ».

Voici donc quelques textes :

Partir D'Aimé Césaire
Poète Martiniquais, décédé le 17 Avril 2008

Partir.

Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-
panthères, je serais un homme-juif
un homme-cafre
un homme-hindou-de-Calcutta
un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas

l'homme-famine, l'homme-insulte, l'homme-torture
on pouvait à n'importe quel moment le saisir le rouer
de coups, le tuer - parfaitement le tuer - sans avoir
de compte à rendre à personne sans avoir d'excuses à présenter à personne
un homme-juif
un homme-pogrom
un chiot
un mendigot

mais est-ce qu'on tue le Remords, beau comme la
face de stupeur d'une dame anglaise qui trouverait
dans sa soupière un crâne de Hottentot?

Prophétie
Aime Césaire

Là où l’aventure garde les yeux clairs
là où les femmes rayonnent de langage
là où la mort est belle dans la main comme un oiseau
saison de lait
là où le souterrain cueille de sa propre génuflexion un luxe
de prunelles plus violent que des chenilles
là où la merveille agile fait flèche et feu de tout bois
là où la nuit vigoureuse saigne une vitesse de purs végétaux
là où les abeilles des étoiles piquent le ciel d’une ruche
plus ardente que la nuit
là où le bruit de mes talons remplit l’espace et lève
à rebours la face du temps
là où l’arc-en-ciel de ma parole est chargé d’unir demain
à l’espoir et l’infant à la reine,
d’avoir injurié mes maîtres mordu les soldats du sultan
d’avoir gémi dans le désert
d’avoir crié vers mes gardiens
d’avoir supplié les chacals et les hyènes pasteurs de caravanes
je regarde
la fumée se précipite en cheval sauvage sur le devant
de la scène ourle un instant la lave
de sa fragile queue de paon puis se déchirant
la chemise s’ouvre d’un coup la poitrine et
je la regarde en îles britanniques en îlots
en rochers déchiquetés se fondre
peu à peu dans la mer lucide de l’air
où baignent prophétiques
ma gueule
ma révolte
mon nom.

Les armes miraculeuses (extraits)
Aimé Césaire


Le grand coup de machette du plaisir rouge en plein front
il y avait du sang et cet arbre qui s'apellait le flamboyant et
qui ne merite jamais mieux ce nom la que les veilles de
cyclone et de villes mises a sac le nouveau sang la raison
rouge tous les mots de toutes les langues qui signifient
mourir de soif et seul quand mourir avait le gout du pain
et la terre et la mer un gout d'ancetre et cet oiseau qui
me crie de ne pas me rendre et la patience des hurlements
a chaque detour de ma langue


la plus belle arche et qui est un jet de sang
la plus belle arche et qui est un cerne lilas
la plus belle arche et qui s'appelle la nuit
et la beaute anarchiste de tes bras mis en croix
et la beaute eucharistique qui flambe de ton sexe
au nom duquel je saluais le barrage de mes
levre violentes

Il y avait la beaute des minutes qui sont les bijoux au rabais
du bazar de la cruaute le soleil des minutes et leur joli
museau de loup que la faim fait sortir du bois de la croix-
rouge des minutes qui sont les murenes en marche vers
les viviers et les saisons et les fragilites immenses de la
mer qui est un oiseau fou cloue feu sur la porte des
terres cocheres il y avait jusqu'a la peur telles que le recit
de juillet des crapauds de l'espoir et du desespoir elagues
d'astres au desuus des eaux la ou la fusion des jours qu'as-
sure le borax fait raison des veilleuses gestantes les forni-
cations de l'herbe a ne pas contempler sans precaution
les copulations de l'eau refletes par le miroir des mages les
betes marines a prendre dans le creux du plaisir les assauts
de vocables tous sabord fumants pour feter la naissance
de l'heritier male en instance parallele avec l'apparition des
prairies siderales au flanc de la bourse aux volcans d'agaves
d'epaves de silence le grand parc muet avec l'agrandisse-
ment silurien de jeux muets aux detresses impardonnables
de la chair de bataille selon le dosage toujours a refaire
des germes a detruire


«Solde» de Léon-Gontran Damas
(Recueil «Pigments Névralgies» 1972, éd. Présence Africaine)

«J'ai l'impression d'être ridicule
Dans leurs souliers
Dans leurs smoking
Dans leur plastron
Dans leur faux-col
Dans leur monocle
Dans leur melon
J'ai l'impression d'être ridicule
Avec mes orteils qui ne sont pas faits
Pour transpirer du matin jusqu'au soir qui déshabille
Avec l'emmaillotage qui m'affaiblit les membres
Et enlève à mon corps sa beauté de cache-sexe
J'ai l'impression d'être ridicule 
avec mon cou en cheminée d'usine
avec ces maux de tête qui cessent
chaque fois que je salue quelqu'un
J'ai l'impression d'être ridicule
dans leurs salons
dans leurs manières
dans leurs courbettes
dans leur multiple besoin de singeries
J'ai l'impression d'être ridicule
avec tout ce qu'ils racontent
jusqu'à ce qu'ils vous servent l'après-midi
un peu d'eau chaude
et des gâteaux enrhumés
J'ai l'impression d'être ridicule
avec les théories qu'ils assaisonnent
au goût de leurs besoins
de leurs passions
de leurs instincts ouverts la nuit
en forme de paillasson
J'ai l'impression d'être ridicule
parmi eux complice
parmi eux souteneur
parmi eux égorgeur
les mains effroyablement rouges
du sang de leur ci-vi-li-sa-tion »


Femme noire de Léopold Sédar Senghor, poète, écrivain et homme politique sénégalais

Femme nue, femme noire
Extrait de " Oeuvres Poétiques" Le Seuil


Vétue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté
J'ai grandi à ton ombre; la douceur de tes mains bandait mes yeux
Et voilà qu'au coeur de l'Eté et de Midi,
Je te découvre, Terre promise, du haut d'un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein coeur, comme l'éclair d'un aigle
Femme nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais
lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du
Vent d'Est
Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l'Aimée
Femme noire, femme obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l'athlète, aux
flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta
peau.
Délices des jeux de l'Esprit, les reflets de l'or ronge ta peau qui se moire
A l'ombre de ta chevelure, s'éclaire mon angoisse aux soleils prochains
de tes yeux.
Femme nue, femme noire
Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l'Eternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les
racines de la vie.
Céline
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Message  Valerie B Mar 9 Déc - 16:17

Merci Celine pour cette ouverture poétique vers la Martinique et l'Afrique...Cesaire, ce grand homme, père de la 'Negriture' n'est pas toujours du plus accessible...mais je trouve que l'hommage rendu par Léopold Sédar Senghor à la Femme Noire est magnifique.

Merci aussi Anne-So pour cet inoubliable 'Ma Bohème' de Rimbaud...Je ne connais vraiment pas grand chose à la poésie, mais j'avoue y être moi aussi très sensible... Embarassed
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